Hypothèse de Robrica

Par Grégory le  27/08/2019  en cour de réalisation

La cité de Robrica est selon les historiens une cité située sur la Loire dans les alentours de la commune de Bourgueil. Cependant, je remets en doute sur cette page cette hypothèse. Il est important avant de commencer mes explications de resituer et d’expliquer l’origine des cartes de Peutinger. Celles-ci ont été réalisées au cours du XIIIe siècle à l’aide de documents disparus et certainement recopiées à travers les époques. Les cartes de Peutinger sont certes un outil intéressant sur l’histoire des routes et des villes romaines, mais leurs inexactitudes en matière d’échelle, de topographie et hydrographie peuvent être source d’interprétation. De plus, ces éléments de cette carte peuvent-être plus ou moins bien restitués.

L’énigme de la cité de Robrica est que cette cité d’autrefois a disparu. La carte de Peutinger présente cette ville entre Tours, Le Mans et Angers. En suivant les indications de la carte, ils s’avéreraient que cette cité serait positionnée entre l’axe d’Angers à Tours. Certains historiens la placeraient soit sur la commune de Bourgueil, soit Chênehutte-les-Tuffeaux, soit la commune de Gennes. Le problème, c’est qu’à part la présence de quelques vestiges de camps romains et de quelques formations de hameaux d’habitations romaines dans cette région de la Loire, les archéologues n’ont pas trouvé de traces d’une cité importance gallo-romaine. Je mets volontairement le mot importance, car il parait incontournable que sur une carte des tracés romains à l’échelle de l’Europe, les éléments qui s’y trouvent soient au moins à cette échelle. Pour être plus simple est-ce que sur une carte européenne vous trouverez les noms des villages ? La réponse est non. Seuls les sites d’importance sont indiqués. Donc la réponse est peut-être plus simple que l’on ne pense. Si le site de Robrica est aussi bien indiqué, c’est qu’elle est au moins à l’échelle d’une ville (certes secondaire sur la carte).

 

Revenons sur la carte de Peutinger et sur la voie allant d’Angers à Tours, nous pouvons remarquer que sa configuration forme un Z exagéré et allongé. Cette forme en Z déformée nous admet une certaine évidence, celle que cette voie suit le fleuve la Loire entre les deux villes. Les cartes historiques sur les voies romaines attestent que la voie principale se situe au nord du fleuve. Ce qui exclut les communes au sud de la Loire comme cité nommée Robrica. Revenons sur les trois communes définies au départ sur le fleuve La Loire, une seul est au nord celle de Bourgueil. Reprenons la forme de la voie en Z déformée et admettons que la forme définit suit le fleuve de la Loire, les deux angles du Z se situeraient entre la commune de La-Minitré et la confluence de la viennes et la Loire. Sur cette portion, aucun lieu d’importance gallo-romaine n’a été découvert. J’en reviens à la dernière cité probable celle au niveau de Bourgueil, celle-ci est géographiquement trop proche de la ville de Tours et ne semble pas correspondre à ce positionnement de Robrica au centre des deux de la voie Angers — Tours. Cette dernière vision exclue dans mon hypothèse Bourgueil ou ses environs de l’éventuelle ville de Robrica.

 

J’aimerais m’attarder maintenant sur le positionnement du mot Robrica, celui-ci est placé au-dessus de la voie entre Angers et Tours, comme l’ensemble des annotations de cette carte. Cependant, cette annotation semble-être confondu entre les deux voies romaines, la première déjà énoncée Angers — Tours et la seconde Le Mans — Tours. La dernière lettre du mot Robrica semble se concaténer dans l’angle du L formé sur la voie entre Tours et Le Mans. Connaissant l’inexactitude des cartes de Peutinger, Robrica peut aussi bien se positionner sur cet axe.

 

Cette recherche de positionnement qui peut vous paraitre surfait n’est pas aussi innocente que cela. Sur l’axe allant du Mans à Tours, et à la position de l’angle qui forme la lettre L et la fin du mot Robrica une ville Gallo-Romaine de taille importante existe. Cette cité romaine d’importance n’a aujourd’hui aucun nom et se situe sur la commune actuelle d’Aubigné-Racan. Le nom donné aujourd’hui est la cité de Cherré. Ce site adossé sur le Loir de plus de 40 hectares, datant du Ier au III siècle. Cette cité présente tous les caractères d’une cité d’importance comme en attestent les vestiges d’un théâtre antique de 3 000 places, son forum ou Macellum, ses deux temples et son aqueduc. Si une cité qui accueille un théâtre de 3 000 places en pierre, c’est que sa population était certainement bien plus importante. À L’époque gallo-romaine, une cité de plus de 3 000 âmes correspondrait certainement à une commune actuelle 5 à 10 fois plus grande. Ce que l’on pourrait aujourd’hui appeler vulgairement une ville moyenne. 

 

La cité romaine sur le site Cherré est positionnée à une dizaine de kilomètres d’un point de passage appelez Fine. Fine est l’ancien nom de la commune de Vaas et est aussi situé sur la rivière du Loir. On retrouve aussi cette cité sur les cartes de Peutinger. Ces deux communes semblent intrinsèquement liées, car la première cité aurait migré vers la seconde vers la fin du III siècle. La position de la cité de fine étant plus intéressant géographiquement (directement sur l’axe Le Mans – Tours), la cité de Cherré se serait réduite jusqu’à être abandonnée. Par cette explication, il peut donc être aussi admis qu’au moment où Konrad Peutinger a recopié les anciennes cartes qu’il n’est pas fait attention au chevauchement de deux époques, laissant une ville nommée Robrica dans un positionnement incertain car n'existant plus.